Mon travail explore les notions de temps, de mémoire et de transmission à travers des procédés à la fois mécaniques et obsessionnels. Qu’il s’agisse de perforer le papier ou de tamponner une toile, mon geste artistique repose sur la répétition, sur l’empreinte laissée par l’absence, sur l’accumulation d’un même signe pour faire émerger une image.

 

Avec le tampon dateur ou encreur, j’inscris le temps, je fige une date, un message. Je répète inlassablement le même geste jusqu’à ce tout prenne corps sous la forme d’une image figurative. De loin, le spectateur perçoit une scène, un portrait, une histoire. Mais en s’approchant, il découvre que cette image est née de la répétition d’un même instant, imprimé des milliers de fois, comme pour lutter contre l’oubli. Chaque coup de tampon est une trace, un battement de mémoire inscrit sur la toile.

 

Avec la perforation, je travaille par soustraction, en creusant la matière. Les vides deviennent porteurs de sens. Ce qui est retiré révèle ce qui demeure. En perforant le papier, j’évoque l’absence, la disparition, l’éphémère. Le jeu d’ombre et de lumière qui en résulte questionne notre perception : ce que nous voyons est autant fait de présence que de manque. Là encore, la mémoire est au centre de ma démarche, car ce qui est effacé, troué, supprimé, peut parfois en dire plus que ce qui reste.

 

Ces deux approches, bien que techniquement opposées, se rejoignent dans une même interrogation : comment rendre visible ce qui échappe ? Comment inscrire le passé dans le présent ? Comment donner forme à l’invisible ?

 

En imprimant le temps par accumulation ou en sculptant la lumière par soustraction, je cherche à créer des œuvres qui dépassent la simple image pour questionner notre rapport à l’Histoire, à la mémoire collective et à notre propre perception du réel.